Le « kobolo », drogue bon marché et très addictive, se répand dangereusement chez les jeunes Gabonais. Décryptage de ses risques et conseils pour lutter contre cette addiction dévastatrice.
À Libreville, Port-Gentil ou encore Franceville, une substance fait des ravages parmi les jeunes depuis bon nombre d’années. Son nom : le kobolo. Ce cocktail toxique, à base de médicaments détournés comme le tramadol ou la codéine, est souvent mélangé à des substances chimiques inconnues. Accessible à des prix dérisoires – entre 500 et 1000 FCFA la dose , il séduit une jeunesse en quête d’évasion rapide. Euphorisant au départ, le kobolo se transforme vite en poison addictif, dont les conséquences s’annoncent dramatiques.
Pourquoi une telle explosion de la consommation ?
Le succès du kobolo repose sur plusieurs facteurs. D’abord, une pression sociale omniprésente : la drogue circule dans les cercles amicaux, où elle est souvent perçue comme un moyen d’appartenance. Ensuite, un contexte économique morose : face au chômage massif et à l’absence de perspectives, de nombreux jeunes trouvent dans le kobolo un exutoire facile. Enfin, une méconnaissance criante des dangers : beaucoup pensent, à tort, qu’il s’agit d’un simple stimulant sans réels effets secondaires. Une illusion qui peut leur être fatale.
Un cocktail explosif pour la santé
Les effets du kobolo sur l’organisme sont ravageurs. À court terme, il provoque une excitation intense, suivie de phases d’apathie et de confusion mentale. Mais les risques les plus graves apparaissent rapidement : crises cardiaques, troubles neurologiques sévères, altérations de la mémoire. À long terme, les dégâts sont irréversibles. Les consommateurs développent des psychoses, sombrent dans la dépression et adoptent des comportements agressifs. Certains, en manque, n’hésitent pas à voler ou se prostituer pour obtenir leur dose quotidienne.
Le drame s’invite aussi dans les établissements scolaires. En 2023, un lycéen de 17 ans à Libreville est mort d’une overdose après avoir consommé du kobolo coupé à l’ammoniaque. Un cas loin d’être isolé, selon les autorités sanitaires gabonaises.
Comment réagir face à ce fléau ?
Lutter contre le kobolo passe avant tout par la prévention et l’accompagnement. Parents et éducateurs doivent adopter une approche bienveillante : engager le dialogue avec les jeunes sans les culpabiliser, leur fournir des informations claires et accessibles sur les dangers de cette drogue. Certains signes doivent alerter : un changement brutal de comportement, des dettes inexpliquées, une agitation nocturne ou des pupilles dilatées.
Des structures existent pour aider les consommateurs à sortir de l’addiction. Les centres médico-psychologiques du Gabon, notamment celui du CHU de Libreville, proposent un accompagnement médical et psychologique. Des lignes d’écoute anonymes permettent également aux jeunes en détresse de demander de l’aide sans crainte d’être jugés.
Une riposte collective nécessaire
Si l’éducation reste l’arme la plus efficace, d’autres mesures doivent être mises en place pour enrayer le phénomène. Le renforcement des contrôles policiers aux abords des écoles s’impose, tout comme la mise en place de campagnes de sensibilisation chocs, à l’image de celles menées par certains influenceurs gabonais. Autre piste à explorer : la création d’ateliers de prévention impliquant d’anciens consommateurs, dont le témoignage pourrait servir d’électrochoc auprès des jeunes encore séduits par le mirage du kobolo.
« Le kobolo n’est pas un jeu, c’est un piège qui détruit des vies », alerte le Dr. Mba, addictologue à Port-Gentil. Pour lui, seule une mobilisation collective – parents, enseignants, autorités et médias – permettra d’endiguer ce fléau.
Éduquer pour protéger
L’épidémie silencieuse du kobolo met en péril toute une génération. Si rien n’est fait, le Gabon risque de voir sa jeunesse s’enliser dans une spirale de dépendance et de destruction. L’information et la prévention restent nos meilleures armes. Il est urgent de briser le silence et de replacer la famille et la société au cœur de la lutte contre cette drogue insidieuse.